Guolin xin qigong
La nouvelle (xin 新) méthode de qigong de madame Guolin (郭林) est devenue assez populaire en France sous la dénomination des « marches du cancer ». Ceci est justifié par le fait que dans ce qigong on trouve effectivement de nombreuses pratiques de marches, dont la fameuse marche dite : xixi-hu, et que en Chine et de nombreux pays, dans des cliniques et centres de soins, ce qigong est utilisé pour soigner de nombreuses maladies chroniques, dont le cancer. Cependant, ce qigong, pour populaire qu’il soit, est assez mal connu, et en tout état de cause ne se réduit pas à une marche ou deux vite apprises et souvent mal assimilées.
Le guolin xin qigong est en fait un système complet dont la finalité ne se réduit pas à « soigner » une maladie, aussi grave soit-elle. Il n’en reste pas moins que la méthode de madame Guolin est qualifiée à juste titre de « qigong thérapeutique », ce qui en fait un système très suspect dans un pays comme la France où tout ce qui touche aux soins délivrés à un malade est (à juste titre où non, la question n’est pas là) réservé au corps médical. Sans doute ne faut-il pas chercher plus loin l’écart entre l’intérêt suscité par ces pratiques et le très faible niveau, tant quantitatif que qualitatif, de l’offre concernant l’apprentissage et la diffusion du guolin xin qigong en France. Pour brouiller encore un peu, sans doute, les pistes, on trouve quelques marches dites « des 5 organes » ou autres dénominations pour des pratiques se référant à madame Guolin, qui peuvent être une introduction à sa méthode, mais ne représentent que de manière dévoyée et réductrice la globalité de son système. Lequel système va par exemple mettre l’accent sur une longue et indispensable préparation avant d’entamer les marches, ainsi que lors de la phase dite de fermeture. Lequel système propose des marches diverses, depuis la marche « naturelle » à des marches sur 1,2 ou 3 pas, des marches sur place, des vitesses d’exécution variées, de lente à très rapide, des pratiques avec bâtonnet, automassages, sons, stimulations de points d’acupuncture, le travail sur les trois dantian (ouvrir fermer-monter descendre). Les pratiques varient selon les maladies et l’état du patient. Pour être clair sur ce point, madame Guolin n’a jamais suggérée à ses patients d’abandonner les traitements « classiques » que sont la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie. Bien au contraire, elle a continuellement invité les personnes qui venaient vers elles à utiliser tous les moyens à disposition pour ralentir la maladie et accélérer la guérison.
En quoi la méthode de qigong de madame Guolin est-elle nouvelle ?
Justement par ce que la fondatrice a crée sa méthode dans l’objectif de se soigner d’un cancer et que son qigong est dès l’origine un qigong thérapeutique. Beaucoup de qigong ont une action thérapeutique, mais celui de madame guolin est spécifiquement thérapeutique. Ainsi, la fameuse respiration « vent », xixi hu, qui était auparavant considérée comme dommageable pour un individu en bonne santé, va agir efficacement pour éliminer les cellules cancéreuses en amenant l’oxygène nécessaire à leur destruction. Ainsi, lorsque l’essentiel des qigong demande une attention sur son intériorité, le guolin qigong mets l’accent sur le regard posé au loin, afin de redonner au malade chronique un futur, un avenir possible. Et ainsi également, lorsque la pratique habituelle en qigong, en dehors du fameux « main droite sur main gauche pour les messieurs, l’inverse pour les dames » lorsque l’on pose les mains sur le nombril est la seule différence entre les pratiquants, l’on trouve des différences dans la pratique du guolin qigong non seulement entre sexes, mais entre les malades eux-mêmes. Pour en finir avec ces exemples sur la nouveauté de ce qigong, il est important de noter l’importance dans le processus de guérison de la croyance dans l’efficacité réelle de ces pratiques. En effet, croire au pouvoir de guérison est un élément fondamental dans le processus de lutte contre les maladies chroniques. Cela passe par d’innombrables groupes de partages, de récits, de témoignages de guérison des pratiquants. Sans oublier que, dés l’origine, les enseignants du guolin qigong sont eux même d’anciens malades qui étaient guéris ou en rémission. Quand on pense qu’à la mort de madame Guolin en 1984, les pratiquants de son système étaient plus d’un million, avec parmi eux de nombreux malades condamnés par la médecine et pourtant complètements guéris, qu’une chaine de télévision entièrement dédiée à ce qigong avait même vu le jour, on peut prendre conscience du phénomène qu’a représenté en Chine le guolin xin qigong !
Voici à titre d’exemple pratique, les recommandations de Yu Da Yuan concernant le « pas sur place, à cadence lente, mains sur les points shenshu » :
Tout d’abord, l’orientation à respecter, pendant la pratique, dès la phase d’ouverture :
Pour les pathologies concernant foie, vésicule biliaire, yeux : Est
Pour les pathologies concernant cœur, intestin grêle, langue : Sud
Pour les pathologies concernant la rate : Sud-Ouest
Pour les pathologies concernant poumons, gros intestin, nez : Ouest
Pour les pathologies concernant estomac, œsophage, bouche : Nord-Est
Pour toutes les autres pathologies, y compris reins, vessie, oreilles : Nord
Pour commencer le pas sur place, après les exercices préparatoires, l’endroit ou se situe la maladie détermine la jambe de départ : Problèmes de foie, vésicule biliaire, yeux, on commence à Droite.
Pour toutes les autres pathologies, on applique la règle suivante : les hommes commencent à Gauche, les femmes à Droite.
Concernant la cadence, elle sera rapide dans les cas de cancers et problèmes inflammatoires, lente dans les cas de diabète, hypertension, problèmes cardiaques…
La marche sur place avec les dos des mains sur les points shenshu, bout des pouces touchant le bout des majeurs, va être utilisée en variante de la marche sur place avec les mains alternativement devant qihai (le dantian median dans le guolin xin qigong) et 30VB (le creux de la fesse).
A l’exclusion des cancers touchant les reins, elle traitera la faiblesse des reins, la pyélonéphrite, le diabète, l’hypertention, le cœur, le lupus érythémateux…
En régle générale, l’exercice du « pas sur place » sera utilisé en prévention ou traitement des cancers. Il évite également d’attraper les rhumes, traite la fièvre modérée et diminue l’inflammation…
Bonne pratique !
Yves Lorand