la "naiveté" des chinois

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la "naiveté" des chinois
Le nombre de touristes chinois en France aurait augmenté de 23 % en 2013 selon la Direction générale de la compétitivité de l'industrie et des services (DGCIS).

Parallèlement, ils sont de plus en plus nombreux à revenir traumatisés de leur séjour, notamment à Paris, peu habitués qu'ils sont à la brutalité urbaine de la capitale française.

Jean-Paul Mégret : Les Chinois sont les victimes commodes d’un certain nombre d’individus, et la police ne peut malheureusement que comprendre ce type de réaction puisque nous avons été obligés de mettre en place un certain nombre de dispositifs face à une recrudescence des agressions où ils étaient visés. Celles-ci sont multiples et vont très loin : ainsi, il se trouve que certains Chinois viennent rendre visite à leur famille, et nous sommes obligés d’assurer leur protection à travers des gardes quand ils vont au restaurant dans le 93 par exemple, où l’on a pu observer de véritables hold-up de la part de délinquants sur des Chinois en visite. Ce phénomène, qui touche surtout Paris, est tellement problématique que nous avons dû demander aux groupes de police judiciaire qui travaillent généralement sur les affaires de stupéfiants ou avec les BRB (Brigade de répression du banditisme ndlr) de se concentrer l’été principalement sur la prévention de la part des individus agresseurs, souvent en provenance d’Europe orientale et centrale. La capitale est une cible de choix pour certains délinquants car elle regroupe de nombreux commerces de luxe et attirent des populations aisées et, parmi elles, des touristes. Les délinquants, notamment ceux qui se sont spécialisés dans les vols, ont un raisonnement rationnel : ils vont là où les opportunités sont les plus nombreuses et les plus lucratives.

De quoi manquent aujourd’hui les policiers pour rétablir la sécurité de ces personnes ?

Jean-Paul Mégret : La police ne manque de rien pour les protéger, nous arrêtons bon nombre de ce type de délinquant. Le problème est plus profond : ceux qui sont arrêtés pour avoir agressé un touriste qui retirait de l’argent sont le plus souvent relâchés par le Parquet, avec un simple rappel à la loi. Nous faisons partie du premier maillon, mais c’est au deuxième et au troisième maillon désormais de sanctionner comme les textes le prévoient. Dernièrement, un groupe de délinquants jugé pour vol avec violence sur des touristes a donc été rappelé à la loi, en guise de sanction pénale, et a été relâché. Pourtant dans l’affaire que j’évoque, il n’y avait absolument aucune raison de ne pas les sanctionner car l’interpellation s’était faite dans l’ordre, et les faits étaient établis.

Lorsqu’ils retournent chez eux, les touristes chinois font un syndrome post-traumatique car ce n’est pas du tout dans leur culture, et cela peut remettre en cause l’intérêt touristique de Paris.

Les populations asiatiques sont-elles plus ciblées que les autres ? Pourquoi ?

Jean-Paul Mégret : Les touristes chinois ne disposent pas de moyen de paiement sophistiqués, et voyagent donc avec beaucoup d’espèces sur eux, ce qui en fait des proies souvent lucratives. D’autant qu’ils sont habitués à avoir une police très présente chez eux, alors ils n’ont pas les mêmes réflexes sécuritaires que nous. C’est pour cela qu’il avait été prévu de mettre sur les Champs-Elysées des policiers chinois, pour assurer un lien de confiance avec leurs compatriotes. Cela ne s’est pas fait pour des raisons politiques.

Christophe Soullez : Il est vrai que les touristes asiatiques, chinois ou japonais, sont plus visés que d’autres populations. Ce sont des populations qui sont moins prudentes et qui n’ont pas toujours les réflexes de "bon sens" propres, par exemple, à beaucoup de populations américaines ou européennes. Ce sont aussi parfois des populations "naïves" qui peuvent facilement se laisser piéger car elles n’ont pas l’habitude d’être confrontées à une délinquance crapuleuse. En Chine, au Japon et dans les pays d’Asie en général, les vols à la tire, les vols par ruse ou les vols avec violence n’existent quasiment pas. Le continent asiatique souffre d’autres formes de criminalité mais n’est pas confronté, comme le sont les pays d’Europe, à cette délinquance d’appropriation. Les touristes asiatiques ne vont donc pas se méfier de délinquants organisés, et très professionnels, qui vont user de la ruse pour leur subtiliser leur portefeuille (fausse pétition, fausse demande de renseignements, bousculade dans le métro, etc.). Ils ne vont pas non plus penser à protéger leur appareil photo, à fermer leurs sacs, à ne pas nécessairement se promener avec tout leur argent (ils ont souvent de fortes sommes en espèce) ou des signes de richesse apparents, etc. Ce sont donc des proies faciles pour des délinquants qui ne recherchent que le profit et qui vont jouer sur l’effet de surprise, l’absence de prudence de leurs cibles et l’audace de leur mode opératoire

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