Croire au Père Noël
Croire au Père Noël
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » Mark Twain
Les chinois sont-ils candides ?
Dans deux articles précédents, histoire de noël( http://ledragonbleu.over-blog.com/2014/08/histoire-de-noel.html) et la « naïveté » des chinois (http://ledragonbleu.over-blog.com/2014/08/la-naivete-des-chinois.html), j’ai voulu évoqué une certaine idée d’innocence ou pour employer une autre image, de candeur. Cette idée me semble importante dans notre pratique. Importante au point que je la placerai volontiers au centre de ce qui sous-tends l’usage que nous pouvons faire du qi gong et des pratiques assimilées.
J’avais pu ressentir, lors d’un séjour « chez l’habitant » en Chine, il y a de cela quelques années, à quel point les chinois que j’avais eu l’occasion de côtoyer m’apparaissaient souvent naifs, quelquefois même enfantins. Je les voyaient candides, alors que très probablement, à leurs yeux, c’était bien moi le vrai naif et en tout cas très ignorant !
Qu’est ce qu’un candide, si ce n’est quelqu’un qui croit –encore- au père noël ?
Si être candide nous renvoie étymologiquement à la notion de blancheur, c’est que le mot porte en lui l’idée de pureté, de quelque chose qui n’aurait pas encore été souillé, pervertie, en bref l’idée d’enfance.
Le qi gong se rattache au courant philosophico-religieux du Taoisme. Contrairement au Bouddhisme, venu d’Inde, le Taoisme est un pur produit chinois. Dans ses rituels comme dans ses pratiques, le Taoisme promeut l’idée d’un être humain libéré des conventions sociales, relié aux forces de la nature, spontané dans ses comportements. Dans ses pratiques dites « internes », l’adepte va viser accessoirement le retour à l’état avant la naissance, l’état embryonnaire, lorsque fœtus, il baigne dans le liquide amniotique, relié à la centrale énergétique qu’est sa mère par un cordon qui aboutit à son nombril. Je précise « accessoirement », car il serait réducteur de ne penser le Taoisme que sous cet éclairage. Il ne s’agit bien entendu pas ici d’une « régression » et ce retour en arrière n’est pas non plus basé sur un rejet de l’état d’adulte. Disons que pour continuer « d’évoluer », le pratiquant opère une « révolution »…Mais j’aurais l’occasion de revenir sur ce point par ailleurs.
En quoi cette candeur est elle importante dans la pratique?
Lorsque l’enseignant, dans un cours de qi gong, nous évoque les « énergies du ciel et de la terre », lorsqu’il nous demande de « tenir une balle entre nos mains » ou de nous « enfoncer dans le sol » et de nous « appuyer sur l’air qui nous entoure », que fait-il d’autre sinon nous relier à cette part enfantine en nous, ou tout semblait encore possible, y compris l’existence d’un père noèl venu du grand nord, les bras chargés de cadeaux.
Certes, certains enseignants se refusent à ce qu’ils considèrent là comme de possibles outils de mystifications et manipulations. Ils sont rares et précieux. Mais leurs excès de précautions peuvent apparaitre réducteur à la longue.
D’autres, le sourire illuminant leur visage en permanence, sont prompts à vous « faire sentir l’énergie » comme s'ils partageaient avec vous le saint graal. Ils sont touchants dans leur sincérité, mais leur enthousiasme peut vous conduire à imaginer votre pratique plus qu’à la vivre.
Sur le fil du rasoir.
Entre le rien et le trop, le fameux « juste milieu » ? Mais que l’on ne s’y trompe pas, cette voie du milieu n’est pas le ni trop, ni pas assez. Elle est, pour reprendre le titre d’un roman de S.Maugham: The razor's edge.
Alors, bonne pratique, sur votre fil du rasoir, la tête dans les étoiles et les pieds bien sur terre ! Y.L.