L’enracinement
L’enracinement
Qu’est ce que l’enracinement ? Comment parvient-on à être enraciné ? Dans tous les arts martiaux, et le taijiquan ne fait pas exception, il est souvent question de cette notion d’enracinement.
De quoi s’agit-il en fait. Est-ce une idée ? Est une action ? Un peu des deux sans doute. Mais pour l’essentiel, et c’est là que le pratiquant de qigong est aussi concerné, il s’agit de trouver dans le corps un chemin de détente vers le sol, permettant une remontée à partir de ce même sol.
Je vous invite à ce sujet à relire le texte suivant, vieux de quelques 2400 ans…
http://qigonghautescevennes.com/2014/08/la-mise-en-circulation-des-souffles.html
Alors, comment faire, par exemple dans la position debout de zhan zhuang gong (la « position de l’arbre »), pour se sentir enraciné ?
Tout d’abord abandonner le plus vite possible l’idée que c’est grâce à notre force musculaire et à notre volonté que l’on « tiendra » la position. De toute manière les muscles tétanisés auront vite fait de nous faire rendre grâce. Etre dans cette posture revient dans la vie à porter le poids de son existence. Et c’est un combat perdu d’avance, car faisant confiance à sa seule force, toujours insuffisante ! Cela revient en effet à utiliser sa force pour lutter contre le poids de la pesanteur, en oubliant que nous ne sommes pas seuls. Juste sous nos pieds, nous avons une alliée de taille : La terre qui nous soutient !
Que se passe t-il alors ? Dés que nous mettons de coté nos velléités de « tenir » debout, au moment même ou l’on croit tomber, nous découvrons toute la force de notre structure osseuse, et partant des pieds, remontant par le dos jusqu’au sommet du crane, toute la chaine des fascias qui nous tient debout !
Le mouvement va partir des pieds : Ouvrir les orteils, rapprocher les talons. Puis libérer les hanches. Relâcher la poitrine. Détendre l’esprit…
Il n’y a pas d’enracinement réel sans la « remontée » qui va avec.
C’est dans les positions statiques la sensation d’être « ventousé » au sol, ET de l’énergie qui circule.
C’est dans le déroulement des mouvements, et particulièrement dans ceux de la forme du taijiquan, la mise en action du cycle YIN/YANG, descente ET remontée.
C’est aussi, et avant tout, dans notre quotidien, abandonner l’idée que nous devons lutter pour vivre. Accepter l’idée que quelque chose nous porte et nous soutient, en permanence et en totalité. Une absolue confiance qui amène l’acceptation de soi ET qui amène, qui sait, la dissolution de soi ?
Yves Lorand