Quand la respiration s’arrête…

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Quand la respiration s’arrête…

Quand la respiration s’arrête…

Dans la mythologie grecque, Perséphone est la fille de Demeter et de Zeus.

Perséphone est d'une rare beauté, et sa mère Déméter l'élève en secret en Sicile son île favorite, où la jeune fille est en sécurité. Dans les bois d'Enna, Perséphone se divertit en compagnie des Océanides Un jour, alors qu'elles sont occupées à cueillir des fleurs, Perséphone s'écarte du groupe, pour cueillir un narcisse. Là elle est remarquée par le puissant Hadès, son oncle, qui souhaite en faire sa reine. Il enlève la jeune fille qui d'un cri alerte sa mère mais celle-ci arrive trop tard. La scène se serait déroulée près du lac de Pergusa en Sicile. Personne n'ayant rien vu, Déméter partira à la recherche de sa fille unique pendant neuf jours et neuf nuits avant de déclarer : « La Terre sera affamée tant que je n'aurai pas retrouvé ma fille. » Hélios, le Soleil, décidera alors de révéler à Déméter qu'Hadès a enlevé sa fille. La déesse ira aux enfers la chercher mais Hadès refusera de la rendre. L'affaire est portée devant Zeus

Zeus fut alors obligé de tenter une conciliation et conseilla à son frère de rendre Perséphone à sa mère avant que la terre entière ne soit complètement morte de faim.
Il envoya Hermès porter le message à Hadès. Ce dernier fut d'accord à condition qu'elle n'ait pas encore goûté de la nourriture des Morts.
Et comme Perséphone affirmait qu'elle n'avait rien mangé depuis son enlèvement, Hadès, contraint de dissimuler son dépit, la renvoya vers sa mère.

Les larmes de Déméter cessèrent de couler. Mais juste au moment où Perséphone se mettait en route pour Eleusis, un des jardiniers d'Hadès, du nom d'Ascalaphos, témoigna qu'il l'avait vu cueillir une grenade et en manger sept grains.
Ascalaphos, fils de l'Achéron, regretta amèrement ses paroles puisque Déméter le changea en chouette et le bloqua sous une pierre.
Perséphone avait mangé la nourriture des Enfers; elle devait y rester.

Constatant que Coré (Perséphone) avait mangé sept pépins de grenade, Zeus savait qu'elle devait rester aux Enfers. Cependant il décida de faire un compromis. La jeune fille passera six mois (les périodes automnale et hivernale) aux côtés de son époux en tant que reine des Enfers. Les six autres mois de l'année, elle retournera sur Terre et dans l'Olympe en tant que Coré aider sa mère pour le printemps et l'été.

Printemps, été, automne, hiver… Tout est affaire de saison… Mais aussi, tout est affaire de famille…

Car à l’origine, pour chacun-chacune d’entre nous, il y a papa-maman, ne n’oublions pas, et nous avons tous une Demeter et un Zeus enfouis dans chacune de nos cellules. Chacune de nos cellules qui naissent, vivent et meurent. Chacune de nos cellules qui, à un certain moment et pour un temps donné, inspirent, respirent et expirent. Un papa, une maman comme modèles, comme référents, mais aussi comme respiration. Car c’est dans la tension entre masculin et féminin que nait le désir, et dans la résolution de cette tension que nait la vie. Inspiration, mise en tension, expiration, libération.

Pourquoi alors avons-nous tellement peur de ce temps qui nous attends, quand tout s’arrête, de ce temps hivernal, de cette libération ? Attachement à l’idée que nous nous faisons de nous même, une sorte d’arrêt sur image ? Ou bien peur de nous voir tels que nous sommes, à la fois issus de notre hérédité et en même temps de la représentation que nous nous faisons de nous même ? L’hiver, quand la vie se met au ralenti, lorsque la sève descends dans les profondeurs de la terre, la respiration semble s’arrêter. Comme une apnée qui s’éternise. Pourtant, à l’intérieur de chacun d’entre nous, les cellules continuent d’inspirer, de respirer et d’expirer. Pourtant, tout autour de nous, des myriades d’êtres vivants continuent d’inspirer, de respirer et d’expirer. Nous ne sommes pas propriétaires de la vie qui nous fut donné. Comment alors pourrions nous penser que nous sommes concernés ou responsables de quoi que ce soit qui nous arrive ? Faisons de notre mieux, et n’ayons peur de rien, car que sommes nous pour affirmer quoi que ce soit nous concernant ? Que sommes nous sinon une respiration qui survient sans qu’on ait rien demandé!

Quand la respiration s’arrête ! Rien qu’un oxymore de plus !

Yves Lorand

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