Le reve du papillon….

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Bon… L’histoire est connue ! Le rêve du papillon de Zhuang  Zi ! En chinois le titre en est 庄周梦蝶

Selon cette parabole, le sage rêve qu'il est un papillon et se réveillant, se demande s’il n'est pas plutôt un papillon qui rêve qu'il est Zhuang Zi !

« Zhuangzi rêva une fois qu'il était un papillon, un papillon qui voletait et voltigeait alentour, heureux de lui-même et faisant ce qui lui plaisait. Il ne savait pas qu'il était Zhuangzi. Soudain, il se réveilla, et il se tenait là, un Zhuangzi indiscutable et massif. Mais il ne savait pas s'il était Zhuangzi qui avait rêvé qu'il était un papillon, ou un papillon qui rêvait qu'il était Zhuangzi. Entre Zhuangzi et un papillon, il doit bien exister une différence ! C'est ce qu'on appelle la Transformation des choses. »

Tchouang-Tseu, quand il s’est rêvé papillon, s’est dit : ce n’est qu’un rêve, ce qui est tout à fait conforme à sa mentalité, il ne doute pas un instant de surmonter ce menu problème de son identité qu’à être Tchouang-Tseu. Il se dit : ce n’est qu’un rêve, et c’est précisément en quoi il manque la réalité, car en tant que quelque chose qui est le « je » de Tchouang-Tseu repose dans ceci qui est si essentiel à toute condition du sujet : à savoir que l’objet est vu, il n’est rien qui nous permette de mieux surmonter ce qu’a de traître ce monde de la fiction, en tant qu’il supporterait cette sorte de rassemblement de quelque façon que nous l’appelions : monde ou étendue dont le sujet serait seul support et le seul mode d’existence. Ce qui fait la consistance de ce sujet en tant qu’il voit, c’est-à-dire, en tant qu’il n’a que la géométrie de la vision, en tant qu’il peut dire ceci à l’Autre : ceci est à droite, ceci est à gauche, ceci est en dedans ou en dehors, qu’est-ce qui lui permet de se situer comme je, sinon ceci que j’ai déjà souligné qu’il est tableau dans ce monde visible, que le papillon n’est rien d’autre que ce qui le désigne lui-même comme tache, et comme ce qu’a d’originelle la tache dans le surgissement au niveau de l’organisme de quelque chose qui fera vision. (D’après J. Lacan)

Le voyage à l’intérieur…

Dans les pratiques de Qigong (je mets « pratiques » au pluriel, car il n’y a pas un qigong, mais des qigongs !..), nous sommes amenés à voyager à l’intérieur  de nous. Ce faisant, nous sommes aussi amenés à nous poser deux questions : Qu’est ce que l’intérieur de moi ?... et qu’est ce que moi ?

A la première de ces questions, nous sommes confrontés à deux évidences : nous sommes creux http://ledragonbleu.over-blog.com/2014/09/la-peau-le-dedans-le-dehors.html mais aussi nous communiquons avec l’extérieur ; par la respiration, par la nourriture, par les échanges verbaux et « non verbaux »… mais aussi par des échanges plus subtils avec notre environnement, au sens large du terme, qui ont étés théorisés et utilisés par les nombreux maîtres et écoles de qigong. C’est ce que notamment le Zhineng Qigong regroupe sous les termes de « champ d’énergie » et de « théorie du hunyuan ». Cette théorie qui nous place face à trois champs relationnels : la matière, l’énergie ET l’information. J’existe en tant que Machin Truc parce que j’échange de la matière, de l’énergie, ET de l’information. Voyager, c’est échanger !

A la deuxième question, qu’est ce que moi ?, la parabole de rêve du papillon de Zhuangzi nous propose une réponse évidente. Nous ne sommes rien d’autre que ce que nous nous rêvons d’être. Arrêtons-nous de rêver et nous ne sommes plus rien. Si la pratique du qigong mets en évidence le besoin d’imaginaire par les visualisations et voyages intérieurs qu’elle présuppose, elle nous amène, et encore plus lorsque qu’un processus de guérison est appelé de nos vœux, à nous projeter dans le rêve. Car vouloir tout changer tout en voulant rester soi-même est une attitude par essence vouée à l’échec. C’est par le désintérêt profond de l’idée que nous nous faisons de nous même, par le souci de maintenir sur tous les niveaux un échange riche et profond, par l’espoir d’un autre possible que suscitent le rêve et l’imagination, que nous pourrons nous changer. Et que nous pourrons changer le monde autour de nous !

Xinnian Kuaile

Bonne année du Coq de feu!

Yves Lorand

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