Comment dire l’indicible ?
Comment dire l’indicible ?
Au bout d’un certain temps, cela s’épuise. Une forme de lassitude peut-être ? Cela prend du temps, pourtant ! Des années ; des décennies ! C’est sans doute dû au sentiment que tout cela à déjà été dit tant de fois ? En même temps qui est à la manœuvre ? Alors nous nous disons que cette soi-disant lassitude ne provient que de nous. N’y aurait-il pas une lassitude en nous, comme un effet de l’âge… tout ce temps pour digérer, mais pour digérer quoi. Que ce qui nous a envahis nous annihile ? Et alors ? La belle affaire ! N’avions nous pas dit il y a déjà longtemps que : « le Moi d’alors n’est plus le Je d’avant ». Des mots sortis de nulle part, autrement dit, des mots sortis de nous-mêmes. Car ce qui est en dehors de nous est nulle part- la « Terra Incognita »- la part nulle de nous que nous repoussons de toutes nos forces et qui pourtant nous attire. Et là nous cherchons une image, ou un poème, ou une quelconque citation… Et comme nous consacrons une bonne partie de notre temps (car c’est toujours de cela dont nous nous soucions ; le temps qui passe…et ce temps qui passe, c’est bien la seule chose que nous partageons !) à la diffusion de l’œuvre de Monsieur Pang, déjà datée, ancienne, révolue… Au hasard, page 235 du Tome 2 de l’entièreté Hunyuan dont nous achèverons la publication bientôt, en attendant le reste : « L’eau ne quitte pas les vagues, les vagues sont aussi de l’eau ». La véritable nature est comme l’eau calme, et l’eau est comme Alaya Vijnana. C’est la nature du Cœur-Esprit, clair et calme, qui peut refléter les phénomènes. Mais si l’eau est perturbée et fait des vagues, elle ne peut plus refléter les phénomènes ! Les vagues sont comme nos pensées parasites, elles ont réprimé la nature du Yiyuanti qui est claire et lumineuse et spirituelle, on ne peut plus la voir. Les bouddhistes ont aussi dit que : « si on cherche de l’eau en s’éloignant des vagues, on ne la trouvera pas ! » C’est pourquoi : « Les vagues sont aussi l’eau ! ». En même temps, « Sri Nisargadatta », que nous ne connaissons pas, (mais qui est cité par Bernardo Kastrup, in : « Pourquoi le matérialisme est absurde »), nous dit aussi : « Quand je vois que je ne suis rien, c’est la sagesse. Quand je vois que je suis tout, c’est l’amour. Entre les deux ma vie s’écoule. ». Alors, entre les deux… Une image. Encore une, et pourtant toujours la même ! Comment dire l’indicible ?
Yves Lorand