Les cinq mouvements d’énergie.

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Les cinq mouvements d’énergie.
Les cinq mouvements d’énergie.

Lorsque, en 1997, le réalisateur français Luc Besson nous proposait à voir le film : « le cinquième élément », et qu’un groupe islamiste massacrait une soixantaine de touristes à Louxor en Egypte, l’année 2015 ou nous nous trouvons aujourd’hui semblait bien éloignée…

Dans le film de Luc Besson, ce cinquième élément, l’amour, est incarné par Leeloo, une jeune femme dotée de facultés physiques et mentales supérieures à celles des humains…

Déjà, il y a quelques siècles, chez les grecs, au temps d’Aristote, aux quatre éléments – terre, air, eau, feu- certains avaient tenté, eux aussi, d’ajouter un cinquième élément, qu’ils associaient alors à « l’éther », une sorte de « quintessence » dans laquelle baignerait le cosmos. Une sorte de « Qi » à la grecque ?

Pour les chinois, il y a cinq mouvements d’énergie qui sont : L’Ascension, la descente, la dilatation, la contraction et la stabilité.

Ces cinq mouvements sont bien entendu directement liés à la théorie dite des « cinq éléments ». Mais ces cinq éléments, qui correspondent aussi aux cinq saisons, ne doivent pas être compris comme des états stables. Il s’agit plus de dynamiques de transformations.

Ainsi, lorsque les chinois parlent du bois, du feu, de la terre, du métal et de l’eau, ou le printemps, l’été, l’inter-saison, l’automne, l’hiver), il ne faut pas les prendre au pied de la lettre. Ils auraient tout aussi bien pu opter pour cinq volailles ou cinq céréales…

Car derrière ce système, on doit entendre des mouvements, cinq mouvements. Des mouvements comme des gestes, des variations, des moments et des étapes au milieu du flot incessant et continu des transformations du Qi. L’on connait par ailleurs les deux lois principalement mise en avant dans les relations qu’entretiennent entre eux les cinq éléments : L’engendrement et le contrôle. En effet, le cycle des transformations met les éléments à une certaine place, selon un certain ordre. Une chaine de filiation et de parenté. Ainsi, en ce qui concerne l’engendrement, chaque élément devient à la fois « l’enfant » de celui qui le précède (le bois est « l’enfant » de l’eau) et la mère de celui qui le suit (le bois est la mère du feu). En ce qui concerne le contrôle, on est dans la relation grand parents-petit enfants. Quand on saute une génération, on retrouve l’autorité des anciens. Ainsi, l’eau contrôle le feu, le bois contrôle la terre…

Pour le médecin traditionnel chinois, ces lois représentent des moyens d’actions pour corriger les déséquilibres diagnostiqués chez le patient. Qu’un élément (ou qu’un organe…) empiète sur un autre, prenne trop de place, alors on stimulera son grand parent pour qu’il tempère son ardeur. A l’inverse, qu’un élément manque de force, on agira sur son géniteur pour permettre, en accord avec la loi d’engendrement, de renforcer l’élément déficient.

Quand les cinq mouvements se réduisent à quatre.

On a remarqué que sur les cinq mouvements, il y en a un qui n’en est pas un : La stabilité, en lien avec la terre, l'organe rate-estomac. De la même manière que le pouce de la main peut jouer son rôle de préhension avec chacun des quatre doigts, chaque mouvement à la stabilité, l’immobilité, comme point d’appui, comme point d’émergence. Ainsi, si je chauffe de l’eau, elle se dilate (expansion), puis se transforme en vapeur qui s’élève (ascension). Arrivée au ciel, la vapeur se condense pour former les nuages (condensation) avant de retomber sous forme de pluie (descente) Dans ce processus, l’eau, en tant que substance chimique H2O représente le cinquième élément, ce qui génère, ce qui par nature reste constant.

En Taiji (Tai Chi), dans l’action « saisir la queue de l’oiseau », nous retrouvons ces quatre mouvements :

Parer (peng), faire rebondir, potentiel expansif, correspond au mouvement d’ascension. Il est associé au trigramme Quian.

Tirer(Lu), attirer dans le vide, tirer vers le bas et vers l’arrière, descendre, associé au trigramme Kun

Repousser (An), déraciner, correspond au mouvement de dilatation, trigramme Li.

Presser (Ji), pénétrer pour effondrer de l’intérieur, compression, associé au trigramme Kan.

(Notons que les termes peng, lu, ji, an, sont la transcription du chinois mandarin. Un maître chinois originaire de Hong Kong utilisera au fil de soi la langue cantonaise : on, loï, djaï…)

Le symbolisme de la croix.

Déjà, en son temps, René Guénon dans son ouvrage « le symbolisme de la croix » avait développé et synthétisé ce que nous savions depuis longtemps : L’être humain est à la fois verticalité (monter- descendre) et horizontalité (expansion- contraction). Le lieu de rencontre de ces deux axes, le centre de la croix, le lieu de la rencontre immobile, les chinois le nomme Dan Tian. Qu’il y ai trois Dan Tian, tour à tour liés au Jing, au Qi et au Shen ne change rien à l’affaire. La méthode chinoise est pragmatique, non théorique. Selon les besoins, l’on s’adressera au Dan Tian du ventre, de la poitrine, ou de la tête. En fin de compte, il s’agira toujours de trouver au milieu de son être ce que Luc Besson, par le personnage de Leeloo nous évoquait dans son film : Le cinquième élément, à la croisée des quatre directions, un cœur qui aime et qui résonne, au rythme de la vie…

Yves Lorand

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