Je est un autre....

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Je est un autre....

Je est un autre…

Notez bien que Rimbaud n’a pas dit : Je suis un autre, non, il a bien dit : Je est un autre…

Il y a donc à l’évidence une certaine distanciation, pour le moins un certain recul…

Car dès l’instant où je dis « je », il y a l’idée d’identification, c’est indéniable…Je pense donc je suis, bla bla bla. Quand ce n’est pas : « être où ne pas être, tel est la question ! » et à nouveau bla, bla bla bla!

Entre parenthèse, notons aussi que ce qu’il y a de bien avec l’informatique, c’est qu’il suffit de mettre un point de plus après : « Je est un autre » pour générer un nouvel article. Pas besoin de rajouter « 2 » ou « Bis repetitat …». Non, un point suffit.

Il faut bien dire qu’après Gilles Deleuze, (sic…), on a vraiment envie- besoin... ! –de mettre de la distanciation ! Et en ce qui me concerne, je n’ai strictement rien compris à son histoire avec Kant... !

(Pour celles et ceux qui sont pas encore abonné(e)s, je mets le lien ici : http://ledragonbleu.over-blog.com/2016/01/je-est-un-autre.html)

Bon, ben, comme dirait Gilles, c’est qui cet autre… La famille, les parents, les voisins, les ancêtres, les concitoyens ? Bien sûr, ce que je pense comme « moi » n’est pas « moi » ! Bien sûr, quand je suis face à "l'autre", je pense : Pardon, Je suis désolé, Merci, Je t'aime…Bien sûr, je sais que toi, qui est là, en face de moi, c’est moi et encore et toujours moi ! En tout cas, j'essaie de ne pas l'oublier...

Et par là même, « Je est un autre.. ! » Car, si l’autre c’est moi, si moi, c’est l’autre, où suis-je ? Où suis-je sinon dans cette relation entre toi et moi, entre « je et un autre ». Car n’est ce pas le privilège des poètes que de jouer avec les mots. Que de jouer entre « Et et Est ».

Et là, Moi qui suis moi, j’ai envie de citer non pas Kant, que je ne comprends pas, mais Albert Jacquard, que je comprends mieux :

"Être moi, devenir jour après jour celui, jamais achevé, qui se sais être face aux autres, quel insondable mystère !

Par quel prodige ma personne a-t-elle pu émerger définitivement, sans pareille, de l’amoncellement de molécules, de cellules, d’organes mis en place par les processus naturels à partir de quelques fragments d’ADN initiaux ?

Comment l’espoir, l’angoisse, la tendresse, l’émerveillement ont-ils pu naître en moi, à la fois vécus par moi et me transformant ? Ils n’avaient aucune existence dans la cellule première, aucune dans les multiples cellules qui en sont issues. Et pourtant ils sont réels. D’où viennent-ils ?

Une seule réponse. Des autres.

Je suis une personne car j’ai été regardé et suis encore regardé comme une personne.

Les regards des autres sur moi ont apporté l’étincelle qui a provoqué ce feu.

Mon corps n’est que le support d’un moi qui se développe en tissant des relations avec les autres.

Je suis ce tissu…"

Merci Albert,merci à ce je qui est un autre, apparemment…

Yves Lorand

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